[bs_well size= »sm »]Une étrange poésie émane d’Ussé, joyau bordé par l’Indre et par la forêt de Chinon, d’où émergent en cascade lucarnes, hautes cheminées et poivrières. Mêlant les styles gothiques, Renaissance et classique, Ussé dresse sa silhouette blanche au-dessus des jardins en terrasse créés par Le Nôtre. Perrault, Voltaire et Chateaubriand ont succombé à la magie de ce lieu, qui a inspiré certaines de leurs plus belles pages.[/bs_well]
Au début du XIXe siècle, le duc de Duras, qui avait émigré durant la Révolution française, s’installe au château d’Ussé avec son épouse, née Claire de Kersaint, dont le père avait péri sur l’échafaud. Grande amie de Mme de Staël, la duchesse, qui publiera en 1823 un roman intitulé Ourika, parvint plusieurs fois à attirer à Ussé François-René de Chateaubriand, à qui elle vouait, depuis des années, une adoration non dissimulée.
Amoureuse infortunée mais amie fidèle, elle reçut une jour de l’auteur un bien étrange présent: des graines de cèdre du Liban rapportées par l’auteur du Génie du christianisme de son voyage en Orient. Celles-ci furent plantées à quelques mètres de la collégiale, Chateaubriand, qui vouait une véritable passion aux arbres, prit soin des jeunes pousses tout en travaillant au château à la première ébauche des Mémoires d’outre-tombe.
La lente naissance d’un joyau de pierre
Au XIe siècle, le chef normand Gueldin de Saumur fait édifier sur le site d’Ussé une première forteresse. Quatre siècles plus tard, Antoine du Bueil, comte de Sancerre et amiral de France, reçoit Ussé par mariage. Surnommé le « fléau des Anglais », ce fidèle de Charles VII fait édifier l’aile est de l’actuel château ainsi que le donjon. À sa mort, en 1477, son fils Antoine, marié à Jeanne – l’une des filles du roi de France Charles VII et de sa favorite Agnès Sorel -, fait remanier le logis. Il fait ajouter une nouvelle aile et parachève l’édification du donjon commencé par son père.
Jacques d’Épinay, chambellan de Louis XI et de Charles VIII, acquiert le château en 1485. Lui-même et son fils Charles font aménager la cour d’honneur et édifier la chapelle. L’aile occidentale est remaniée dans le style de la première Renaissance. Bientôt, tourelles et échauguettes jaillissent des remparts, donnant au château des allures de décor. L’édifice consiste alors en un quadrilatère fermé ; les quatre angles sont dotés de tours rondes qui s’élèvent au-dessus des donjons initiaux.
Vendu en 1557 par la famille d’Épinay, Ussé est acquis en 1557 par Suzanne de Bourbon, veuve de Claude Le Rieux, comte d’Harcourt et d’Aumale. Après être passé entre plusieurs mains, Ussé devient en 1659, la propriété de Thomas Bernin de Valentinay, contrôleur général de la Maison du roi. À cette époque, Ussé perd son aspect de forteresse féodale. Le corps du logis nord est détruit, ouvrant une magnifique perspective sur la Loire ; suivant la mode de Versailles et de Fontainebleau, on aménage des jardins en terrasses qui mènent en pente douce vers l’Indre.
Au cœur de la vie littéraire
À la génération suivante, Louis de Valentinay, pour lequel la terre d’Ussé sera érigée en marquisat, épouse la fille de Vauban. Le célèbre architecte fera de fréquents séjours à Ussé, essayant de refréner la pétulance de sa fille, la marquise d’Ussé, qui n’a que quatorze ans au moment de son mariage…
C’est la marquise qui, en 1696, accueille pour la première fois Charles Perrault. Contrôleur général des bâtiments du roi élu à l’Académie française en 1671, Perrault, défenseurs des auteurs de son temps, notamment contre Boileau, est au cœur de la querelle des Anciens et des Modernes, qui divise depuis les années 1670 le monde des lettres.Le conteur, qui y fera de fréquents séjours, s’inspire du château dans la Belle au bois dormant, l’un des huit textes du recueil des Contes de ma mère l’Oye, qu’il publie en 1697.
Passé au duc de Rohan-Montbazon, le château est épargné lors de la Révolution. Il est acquis en 1807 par le duc de Duras, ardent royaliste qui, pour ne pas cautionner le régime de Napoléon, se tient éloigné de Paris et s’installe à demeure à Ussé. Son épouse, Claire de Kersaint, est liée avec plusieurs grands écrivains de l’époque.
Propriété de la comtesse de la Rochejaquelein entre 1829 et 1883, Ussé fait l’objet à cette époque d’importantes restaurations, parfois abusives. La comtesse cède ensuite le château à son neveu, le comte de Blacas, dont les descendants sont les actuels propriétaires.
Le château en dates
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Les Vikings obtiennent de vastes territoires correspondant à l’actuelle Normandie.
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Construction du premier château d’Ussé par le Normand Gueldin de Saumur.
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Vente d’Ussé à Jacques d’Épinay, chambellan de Louis XI.
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Consécration de la chapelle.
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Vente du domaine à Thomas Bernin de Valentinay.
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Le Nôtre dessine les jardins d’Ussé.
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Charles Perrault lance la querelle des Anciens et des Modernes.
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Acquisition du château par le duc de Duras.
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Première parution des Mémoires d’outre-tombe de Chateaubriand.
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Restauration de la façade.
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