Le château du Plessis-Bourré

[bs_well size= »sm »]À quelques kilomètres au nord d’Angers, le château du Plessis-Bourré constitue un remarquable exemple d’architecture civile du XVe siècle, époque où le confort et l’élégance tendent à reléguer au second plan les impératifs défensisfs. Ainsi, les larges douves qui ceignent le Plessis-Bourré servaient-elles davantage à créer l’illusion d’un château émergeant des eaux qu’à assurer la protection de ses hôtes.[/bs_well]

Les plaintes lugubres des bœufs, des moutons et autres bestiaux que l’on égorge déchirent le silence qui pèse habituellement sur le Plessis-Bourré et ses environs en ce début de mois de juin 1487. Le maître de céans, Jean Bourré, s’apprête en effet à recevoir une noble société en la personne du rois de France Charles VIII. Le roi et sa suite sont accompagnés d’une ambassade de Hongrie. au total, c’est plus de 100 personnes que l’on attend et chaque serviteur s’adonne avec frénésie à sa tâche. La réception qui s’en suit ne manque pas d’être brillante…

Un bâtisseur actif

Le 26 novembre 1462, Jean Bourré fait l’acquisition du domaine de Plessis-le-Vent, sur la commune d’Écuillé, propriété de la famille de Sainte-Maure. En 1468 débutent les travaux de construction du château, qui seront achevés dès 1473. En cinq ans, le confident de Louis XI est parvenu à faire bâtir le château du Plessis-Bourré, avec sa demeure longue de 73 m et large de 60 m.

De l’extérieur, le château a tout d’une impressionnante forteresse : larges douves traversées par un pont long de 43 m, double pont-levis et chemin de ronde protègent ses habitants d’une éventuelle agression. Véritable particularité architecturale, ses douves ne baignent cependant pas directement les murs de la forteresses.

Une petite terrasse large de 3 mètres permettais ainsi aux artilleurs de prendre position tout autour du château. Une fois le double pont-levis franchi, la caste cour intérieure ( 1 4000 m²) avec ses façades Renaissance, son promenoir à arcades et ses hautes fenêtres à meneaux, révèle toutefois un habit également conçu dans un souci de confort. Richement décoré, le logis seigneurial renferme, parmi ses plus belles pièces, une Vierge aux douleurs, bois polychrome du XVe siècle et deux tapisseries des Flandres, inspirées des Actes des apôtres.

La demeure d’un alchimiste

Des artisans qui prirent part aux travaux, seuls deux sont connus : le verrier Jehan Belotin, qui perçut 27 écus d’or pour prix de ses travaux, et le charpentier Pierre Hardouin. L’auteur des peintures du plafond à caissons de la salle des Gardes demeure, quant à lui, anonyme. Ces peintures dont les motifs sont inspirés par l’alchimie, témoignent de la passion du maître des mieux pour l’ésotérisme. malgré de nombreuses recherches, le sens secret de cet ensemble pictural n’a pu être véritablement percé.

Bien au-delà de l’acceptation vulgaire du terme, selon laquelle elle consisterait à vouloir changer du plomb – en réalité du mercure- en or, l’alchimie est une science traditionnelle dont les premières manifestations remontent à plus de 2 000 ans avant l’ère chrétienne. Elle a pour but la réalisation du Grand Œuvre : la maîtrise de la matière, et don des forces vitales, par l’obtention d’un remède universel, la pierre philosophale. Son savoir et sa symbolique, hérités du monde païen, ont imprégné la spiritualité européenne jusqu’à la Renaissance.

Des hôtes royaux de père en fils

Le 17 avril 1473, Louis XI, présent dans la région à l’occasion d’un pèlerinage à Notre-Dame de Béhuard, fait halte chez son fidèle conseiller, Jean Bourré. L’aménagement intérieur est alors en cours d’achèvement et le roi se laisse séduire par cette demeure où il séjournera désormais lors de chacune de ses visites dans la région.

Le 10 juin 1487, c’est au tour de Charles VIII de séjourner à Plessis. Ce jeune monarque – il n’a alors que 17 ans- entretient un lien particulier avec jean Bourré. En effet, ce dernier a été associé à son éducation, à la demande de Louis XI. Lors de sa visite, Charles est accompagné de sa sœur aînée, Anne de Beaujeu, et d’une délégation hongroise.

Retour à la quiétude angevine

Les heures fastueuses de Jean Bourré en ce château seront pourtant brèves. Ayant fait construire une nouvelle demeure à Jarzé, à 30 km d’Écuillé, il délaisse Plessis à partir de 1492. Après sa mort, en 1506, le domaine du Plessis-Bourré restera cependant plus de deux siècles dans sa descendance.

La fin des tensions liées aux guerres de Religion (1562-1598) marque le début d’une longue période de quiétude pour le château.

Le château en dates

[bs_collapse id= »collapse_8763-328d »]
[bs_citem title= »1461-1483 » id= »citem_0ddb-99fd » parent= »collapse_8763-328d »]
Règne de Louis XI
[/bs_citem]
[bs_citem title= »1468-1473 » id= »citem_03ba-066c » parent= »collapse_8763-328d »]
Construction du château
[/bs_citem]
[bs_citem title= »1487 » id= »citem_8b42-6a8a » parent= »collapse_8763-328d »]
Séjour de Charles VIII au Plessis
[/bs_citem]
[bs_citem title= »1506 » id= »citem_4b81-efb2″ parent= »collapse_8763-328d »]
Mort de Jean Bourré
[/bs_citem]
[bs_citem title= »1751 » id= »citem_fdee-2359″ parent= »collapse_8763-328d »]
Achat du château par la famille de Ruillé
[/bs_citem]
[bs_citem title= »1793-1794 » id= »citem_70db-16d5″ parent= »collapse_8763-328d »]
Période de la Terreur pendant la Révolution française
[/bs_citem]
[bs_citem title= »1794 » id= »citem_3b7f-b0f8″ parent= »collapse_8763-328d »]
Jean-Guillaume de Ruillé est condamné et exécuté
[/bs_citem]
[bs_citem title= »1911 » id= »citem_f35c-bbf8″ parent= »collapse_8763-328d »]
Achat par Henri Vaïsse, aïeul des propriétaires actuels (famille du comte de Sauvebœuf)
[/bs_citem]
[/bs_collapse]