[bs_well size= »sm »]Situé dans le Berry, aux portes du Val de Loire, Valençay, vaste château Renaissance, présente la curieuse caractéristique d’être inachevé tout en s’imposant par une majesté sans pareille. Cette superbe demeure était bien digne de celui qui fut son plus illustre propriétaire, Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, ministre des Affaires étrangères de Napoléon Ier.[/bs_well]
Talleyrand était déjà en disgrâce lorsqu’il reçut de Napoléon l’ordre d’accueillir à Valençay le futur Ferdinand VII d’Espagne, alors prince des Asturies, son frère don Carlos, son oncle don Antonio et leur imposante suite. L’empereur, qui venait d’installer son frère Joseph sur le trône d’Espagne après en avoir chassé les Bourbons, retenait certes les princes espagnols contre leur gré, mais souhaitait que leur prison fut dorée.
Avec un luxe de détails destinés à humilier Talleyrand, ravalé au simple rang de geôlier, Napoléon lui recommandait depuis Paris de faire tout son possible pour « amuser » ses pensionnaires et ajoutait : « Si le prince des Asturies s’attachait à quelque jolie femme et qu’on en fût sûr, cela n’aurait aucun inconvénient puisqu’on aurait un moyen de plus de le surveiller. »
C’est sur l’emplacement d’une ancienne maison forte que Louis d’Estampes, gouverneur et bailli de Blois, commence à faire édifier, dans les années 1520, une nouvelle demeure sur la terre de Valençay. Après sa mort, en 1530, son fils Jacques d’Estampes poursuit les travaux, qui ne seront achevés qu’à la fin du XVIe siècle.
À cette époque, le château, dont l’architecture apparaît très inspirée de celle de Chambord, se présente selon un plan en équerre et comprend, à l’angle formé par les deux ailes, une grosse tour coiffée d’un dôme en ardoise et surmontée d’un clocheton. L’aile nord est pourvue en son centre d’un pavillon d’entrée de forme carrée, improprement appelé donjon, flanqué de quatre tourelles d’angles et coiffé d’un haut comble ajouré de lucarnes sculptées.
Le château, tel qu’il se présente à la fin du XVIe siècle, se rattache certes au style de la Renaissance par son ornementation, mais trahit une sorte de nostalgie de l’époque médiévale par de nombreux éléments rappelant une vocation défensive, tels les mâchicoulis de la grosse tour ou en core le chemin de ronde du châtelet d’entrée.
Les aménagements du sieur de Villemorien
Au siècle suivant, Dominique d’Estampes, marquis de Valençay, fait prolonger l’aile ouest et, symétriquement, fait édifier une aile est, toujours dans le style de la Renaissance. Enfin, il ferme l’ensemble ainsi formé par un portique ménageant la vue sur la vallée du Nahon.
Après l’extinction de la famille d’Estampes, au XVIIIe siècle, Valençay est acquis en 1761 par Philippe Charles Legendre de Villemorien, administrateur des postes royales et gendre du fermier général Michel Bouret. La fortune du nouveau maître des lieux lui permet d’entreprendre de considérables travaux, effectués sous la direction d’un architecte parisien, Joseph-Abel Couture.
Ce dernier fait détruire l’aile orientale ainsi que le portique sud, ouvrant ainsi une vaste perspective depuis la cour d’honneur. La façade de l’aile ouest sur la cour est entièrement reconstruite, dans un style sobre qui s’harmonise avec les bâtiments existants, et une grosse tour est édifiée à l’angle sud-ouest pour faire pendant à la tour Renaissance.
Valençay au temps de Talleyrand
Le domaine qui a traversé la Révolution sans encombres, est vendu en 1803 par le fils de Legendre de Villemorien au prince de Talleyrand. Ce dernier, encouragé par Napoléon, souhaite posséder une demeure de prestige pour recevoir les hôtes de marque. Si Talleyrand ne modifie pas les extérieurs du château, il fait effectuer de considérables travaux dans les appartements, décorés dans le style Empire, et fait redessiner le parc.
Talleyrand occupera peu le château jusqu’à l’époque de la Restauration, durant laquelle il se tient à l’écart de toute activité politique. Maire du village et conseiller général, il s’occupe de la gestion de ses immenses propriétés et des intérêts. Passé au petit-neveu du diplomate, Louis-Napoléon de Talleyrand-Périgord, premier duc de Valençay, le château se transmet dans la même famille jusqu’au début des années 1970.
Après avoir connu des fortunes diverses, il appartient aujourd’hui à une association réunissant la commune, le département et une compagnie d’assurances.
Le château en dates
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Construction du château par la famille d’Estampes.
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Deuxième campagne de travaux.
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Legendre de Villemorien acquiert Valençay.
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Achat de Valençay par Talleyrand.
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[bs_citem title= »2 mai 1808 » id= »citem_0b23-fd72″ parent= »collapse_bb86-b063″]
Ferdinand VII est contraint d’abdiquer en faveur de Joseph Bonaparte.
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Captivité des princes espagnols à Valençay.
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Chute de l’Empire.
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Restauration.
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Talleyrand est ambassadeur à Londres.
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