Le château de Dissay

[bs_well size= »sm »]Niché au cœur des vertes prairies de la vallée de Clain, l’imposant château de Dissay, tout de pierre blanche et d’ardoise, n’est pas sans rappeler certains châteaux du Val de Loire. Il réalise en effet une harmonieuse synthèse entre les raffinements du gothique tardif, préfigurant la Renaissance, et des derniers rappels de l’architecture médiévale , encore tournée vers des préoccupations défensives.[/bs_well]

Chargés d’honneurs et de bénéfices, les « princes de l’Église » ne pratiquaient pas, sous l’Ancien Régime, l’austérité évangélique de nos modernes ecclésiastiques. Pas plus que d’autres , Pierre d’Amboise, évêque de Poitiers entre 1481 et 1505, n’échappe à cette règle.

Issu d’une grande famille proche de la Cour, membre d’une fratrie qui compte d’illustres personnages, l’homme a grandi au château de Chaumont-sur-Loire, fastueux édifice bâti par son père. Habitué au luxe, il entreprend dès son arrivée au siège épiscopal de Poitiers, de reconstruire la maison de campagne des évêques, qui ne lui paraît guère compatible avec son rang. Son modèle sera, tout naturellement, le château qui servit de cadre à son enfance…

Le château de Pierre d’Amboise

Bien avant le XVe siècle, les évêques de Poitiers possèdent sur la rive gauche du Clain, à Dissay, une résidence de campagne, simple « hostel » dont plus rien ne reste aujourd’hui. En 1435, Hugues de Combarel, qui occupe alors le siège, obtient du roi Charles VII l’autorisation de « faire fortifier et emparer » le château et son église, que l’on peut supposer tous deux de proportions modestes. Tout change, on l’a dit, avec Pierre d’Amboise, dont les ambitions sont autrement plus vastes.

Mettant à bas l’ancien édifice, l’évêque fait bâtir, à partir de 1481, un important château de plaine, dont le plan n’est pas sans évoquer les châteaux de Chaumont et du Plessis-Bourré. L’édifice consiste dans un vaste quadrilatère, flanqué de tours cylindriques et baigné par les douves qu’alimente le Clain. Le corps de logis occupe l’un des côtés de la cour, les autres étant bordés par des courtines auxquelles s’adossent, du côté sud, les bâtiments des communs.

Résidence d’agrément, Dissay n’en est pas moins conçu pour résister ) d’éventuelles attaques : un pont-levis franchit les douves, débouchant sur un châtelet d’entrée flanqué de tours rondes et qu’ornent, au-dessus de la porte charretière, les armes du constructeur et une statue de saint Michel abritée dans une niche. Les tours, percées de canonnières au ras des douves, portent un chemin de ronde couvert, à créneaux et mâchicoulis. La tour de droite du châtelet d’entrée abrite en sous-sol des cachots, susceptibles d’accueillir d’éventuels prisonniers…

Cependant, la grâce des façades de pierre blanche comme la délicate découpe des frontons surmontant les hautes lucarnes gothiques témoignent de préoccupations plus pacifiques. La religion, non plus, n’est pas oubliée : à la courtine sud, du  côté de l’extérieur, s’adosse une collégiale ; dans la tour nord-est, Pierre d’Amboise fait aménager un oratoire, revêtu de somptueuses peintures murales.

Haltes royales

Résidence d’été des évêques, le château de Dissay participe du faste dont ils aiment s’entourer. En 1521, l’un des successeurs de Pierre d’Amboise, Claude de Husson, a l’honneur d’y recevoir le roi François Ier, son épouse, la reine Claude, ainsi que la reine mère, Louise de Savoie, comtesse d’Angoulême. Les hôtes trouvent le château « bien plaisant, beau, délectable et bien édifié ».

Dix ans plus tard, François Ier , évitant Poitiers ravagé par la peste, s’arrête de nouveau à Dissay, où il passe deux jours. Plus tard , le duc d’Anjou, le futur Henri III, accompagné des ducs de Montpensier et de Guise, vient goûter à l’hospitalité de Mgr Le Fay, qui lui fait les honneurs de son palais campagnard. Déjà, pourtant, les troubles liés aux guerres de Religion menacent. En 1509, Lignicole, qui prépare le siège de Poitiers, installe sa garnison à Dissay. Quelques mois plus tard, les troupes royales viennent libérer le château qui a fort souffert de cette occupation forcée.

Transformations et aménagements

La douceur de vivre reprend peu à peu ses droits… Au milieu du XVIIIe siècle, Mgr de Beaupoil de Saint-Aulaire, 106e successeur de saint Hilaire, premier évêque de Poitiers, entreprend de nombreuses transformations à Dissay :  le corps de logis principal est remanié et agrandi, de nouveaux communs sont édifiés, tandis qu’une brèche est aménagée dans la courtine nord-ouest pour ouvrir la cour sur les jardins, redessinés à la même époque.

Déserté à la Révolution, qui voit le départ de Mgr de Saint-Aulaire en exil, le château est pillé et subit d’importantes destructions. De la collégiale, intégralement détruite, ne subsistent plus aujourd’hui, dans la grande galerie du château, que dix-huit panneaux ayant pour thème la vie du Christ.

Le compte Fruchard, qui acquiert Dissay en 1850, a fort à faire pour restaurer l’édifice, tâche poursuivie par ses descendants avec le concours de l’architecte Arion au début du XXe siècle. Le château qui a retrouvé son état antérieur aux transformations effectuées par Mgr de Saint-Aulaire, appartient aujourd’hui à l’arrière petit-fils du comte Fruchard, le baron Lassat de Meynard.

Le château en dates

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Première mention de Dissay
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Début de la reconstruction du château par Pierre d’Amboise
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Mort de Pierre d’Amboise
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Règne de François Ier
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Siège de Poitiers par les troupes protestantes de l’amiral de Coligny
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Mgr de Saint Aulaire remanie la façade du corps de logis
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Le château est pillé et en partie détruite pendant la Révolution
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[bs_citem title= »1850 » id= »citem_cf02-f414″ parent= »collapse_27c2-00bb »]
Achat de Dissay par le comte Fruchard, ancêtre des propriétaires actuels
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Campagne de restaurations entreprises sous la direction de l’architecte Ardion
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