Le 31 mars 1547, le roi de France, François Ier, s’éteint au château de Rambouillet. Sa disparition marque la fin du règne de sa maîtresse, Anne de Pisseleu, duchesse d’Étampes, tandis que l’avènement de son fils Henri II assure la fortune de Diane de Poitiers, la nouvelle favorite.
Cette veuve qui atteint un âge respectable pour l’époque ,près de cinquante ans, saura se faire passionnément aimer de ce roi plus jeune de vingt ans que, forte de son expérience, elle n’hésite pas à conseiller. Les gages de cet attachement seront nombreux et , et se traduiront entre autres par des dons proprement royaux : certains des joyaux de la Couronne, des bijoux à profusion, des terres et un château, non des moindres puisqu’il s’agit de Chenonceau.
Diane , la bâtisseuse
Lorsque Diane de Poitiers emménage à Chenonceau, le château se résume au corps de logis initial, flanqué de quatre tourelles d’angle, édifié dans le lit de la rivière entre 1513 et 1521. On doit déjà cette construction, l’une des premières à revendiquer l’influence de la Renaissance italienne, à une femme, Catherine Briçonnet, épouse d’un receveur des finances, Thomas Bohier.
La nouvelle maîtresse des lieux reprend les travaux, commande à Philibert de l’Orme le pont à cinq arches enjambant le Cher, édifié entre 1556 et 1559 et fait dessiner un vaste jardin ainsi qu’un potager où poussent melons et artichauts. Cent cinquante mûriers blancs sont plantés pour l’élevage des vers à soie.
Pour financer ces aménagements, Henri II lève spécialement un impôt sur toutes les cloches de France. Le procédé , contestable, inspirera à Rabelais ce commentaire acerbe : « Le roi a pendu toutes les cloches du royaume au cou de sa jument« .
La revanche de Catherine
Profondément humiliée par cette liaison partout affichée, la reine , Catherine de Médicis, attends en silence son heure. Celle-ci arrive enfin, dans la nuit du 10 juillet 1559, lorsqu’Henri II succombe, victime d’une blessure infligée lors d’un tournoi.
La première pensée de la veuve du roi est pour l’ancienne favorite, sommée de restituer les bijoux de la Couronne qui sont en sa possession. L’été passé, Catherine exige que Chenonceau, propriété royale, lui soit également rendu même si, pour la forme, elle l’échange à sa rivale contre Chaumont qu’elle vient d’acquérir.
Diane, également châtelaine d’Anet où elle a chargé Philibert de l’Orme d’édifier une nouvelle demeure, avait conçu Chenonceau comme un gracieux petit château, destiné à abriter ses amours avec Henri. Catherine, la Florentine , eut davantage d’ambition pour cette résidence dont elle fit le théâtre permanent de son insatiable vengeance.
Chenonceau, sur un air de fête
Sur le pont édifié par Diane, Catherine fait élever , peut-être par Jean Bullant, une galerie à deux étages, longue de 60 mètres, immense salle de bal dallée de noir et blanc depuis laquelle les invités peuvent admirer les divertissements donnée à l’investigation de la reine.
Pour accueillir son fils François II , qui vient d’épouser la reine d’Écosse, Marie Stuart, Catherine dépense un somme qui représenterait aujourd’hui plusieurs millions d’euros. Lors de la réception en l’honneur de Charles IX, on assiste à des batailles navales sur le Cher et à des danses où figurent des sirènes , des nymphes et des satyres.
Les lumières de Chenonceau
Chenonceau, qui passe successivement aux mains de César de Vendôme, fils légitimé du roi Henri IV, puis au prince de Conti, renoue avec un certain éclat au XVIIIème siècle, en devenant la propriété du fermier général Claude Dupin et de son épouse Louise, les grands-parents de George Sand. Esprit éclairé, Louise Dupin fait venir à Chenonceau des philosophes, des artistes, des écrivains, des savants.
Elle sait même s’assurer les services de l’un des plus brillants penseurs de son époque, Jean-Jacques Rousseau. engagé en qualité de secrétaire, le philosophe évoque dans les Confessions des séjours à Chenonceau, dont il conservera toujours un souvenir ému.
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