[bs_well size= »sm »]Bâti entre les XVe et XVIe siècles sur l’emplacement d’une importante forteresse , dont subsiste l’imposant donjon, le château de Châteaudun doit beaucoup à la personnalité de son principal commanditaire, Dunois, bâtard de la maison d’Orléans. ce dernier s’appliqua à faire de sa résidence un fastueux ensemble, dont la décoration gothique témoigne du savoir-faire des maîtres ligériens dans la période précédant la Renaissance.[/bs_well]
L’époque était moins prude que certaines de celles qui suivirent, et la qualité de prince du sang portait au pardon et à l’oubli. Jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, on compta dans l’entourage des souverains un multitude de branches illégitimes qui, si elles ne pouvaient aspirer au trône, voyaient traiter leurs membres à l’égal des plus grands seigneurs.
Fils de Louis d’Orléans et de Mariette d’Enghien, mais élevé avec les enfants légitimes du duc, le beau Dunois, partout connu comme le Bâtard d’Orléans, ne déparait pas , par sa bravoure et par ses multiples qualités, la glorieuse lignée dont il est issu, fut-ce « par la main gauche ». Compagnon d’armes de Jeanne d’Arc, on le vit notamment s’illustrer à Patay, en 1429, puis, durant les vingt-cinq années qui suivirent, batailler sans relâche pour bouter l’Anglais, jusqu’à la libération totale du royaume. À ce cousin et allié fidèle, Charles VII sut témoigner sa reconnaissance en lui octroyant le titre de grand chambellan.
Le donjon des comtes de Blois
Le site de Châteaudun, un éperon rocheux dominant la vallée du Loir, fut d’abord celui d’un oppidum celtique, puis romain. Au Xe siècle, Thibault le Tricheur, comte de Blois, de Chartres et de Tours, y implante une première forteresse après avoir repoussé une invasion normande. L’un de ses descendants; Thibaut V le Bon, époux d’Alix de France, fille de Louis VI et d’Aliénor d’Aquitaine, fait bâtir entre 1170 et 1190 un puissant donjon cylindrique. Les comtés de Blois et de Chartres échoient à son fils, le poète Charles d’Orléans.
Capturé à la bataille d’Azincourt, en 1415, il restera retenu en Angleterre pendant plus de vingt-cinq ans. C’est à la veille de sa libération, en 1439, qu’il fait don du comté de Dunois et de sa capitale, Châteaudun, à son demi-frère Jean d’Orléans, afin de le remercier de la part qu’il avait prise aux démarches destinées à hâter son retour en France.
Trois générations à l’œuvre
Dunois et son épouse, Marie d’Harcourt, se plaisent à Châteaudun où, la paix revenue, ils décident de transformer la vieille forteresse des comtes de Blois en une luxueuse demeure seigneuriale. Les travaux commencent en 1451 avec l’édification de la Sainte-Chapelle, qui ne sera terminée que quarante ans plus tard, et se poursuivent avec la construction de l’aile de Dunois, entreprise à partir de 1460 et continuée après la mort de son commanditaire, en 1468, par son fils, François de Longueville. ce dernier ébauche l’aile nord, dont la construction est terminée à partir de 1511 par François II, premier duc de Longueville , puis par son frère, le cardinal-archevêque de Toulouse.
D’un style à l’autre
Bordée par une terrasse épaulée par de puissants contreforts et aménagée sur l’emplacement des anciens remparts, l’aile de Dunois, qui jouxte la Sainte-Chapelle, occupe le côté ouest de la cour ; elle se termine, au nord , par un groupe de pavillons renforcés sur leur façade extérieure par des contreforts prenant naissance à la base de l’éperon rocheux qui supporte l’ensemble. Les façades du logis, percées d’élégantes fenêtres à meneaux, comportent un grand chemin de ronde sur mâchicoulis courant sous un grand comble chevauché de lucarnes. Sur la cour, une tourelle octogonale abrite l’escalier qui permet d’accéder aux étages.
Formant l’angle entre l’aile de Dunois et l’aile de Longueville, un pavillon d’escalier éclairé par trois niveaux de baies doubles et agrémenté d’un exubérant décor gothique annonce déjà , par sa structure, le type d’escalier que l’on trouvera à la Renaissance. L’aile nord, dite de Longueville ne se différencie pas fondamentalement de l’aile de Dunois, à l’exception de son ornementation, déjà Renaissance. À l’extrémité, le grand escalier rappelle l’escalier de l’aile de Dunois avec ses baies éclairant chacun des paliers : mais il s’agit d’un escalier à rampe droite, et ses baies sont ornées de motifs clairement inspirés de la Renaissance italienne.
Un ingrat destin
À l’extinction des Longueville, le comté de Dunois revient à Louise de Bourbon-Soissons, qui épouse en 1710 le duc de Luynes et de Chevreuse. En 1723, après le terrible incendie qui ravage une partie de la ville de Châteaudun, les château est converti en habitation pour les sinistrés, perdant de ce fait une grande partie de ses décors intérieurs. Confisqué durant la Révolution, puis restitué à la famille de Luynes, l’édifice, à peu près abandonné, a fort souffert de la campagne de 1815 et de l’occupation prussienne durant la guerre de 1870. Acquis par la ville en 1930, le château a fait l’objet d’une restauration intégrale.
Le château en dates
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Fondation de la forteresse des comtes de Blois
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Édification du donjon
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Jean d’Orléans reçoit de son frère Châteaudun et le comté de Dunois
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Début de la construction de la chapelle
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Élévation de l’aile de Dunois et de l’aile de Longueville
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Mort de Dunois, le bâtard d’Orléans
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Par mariage, le château passe à la maison de Luynes.
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L’édifice est acquis par la ville, qui en entreprend la restauration
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