Le château de Brissac

[bs_well size= »sm »]Bâti sur un vaste terre-plein dominant l’Aubance, à quelques kilomètres d’Angers, Brissac n’est pas seulement le plus haut des châteaux de la Loire; c’est sans doute aussi le plus surprenant, avec cette façade principale où deux tours rondes à mâchicoulis encadrent un corps de logis qui marie la sobriété classique du style Louis XII et les raffinements d’une Renaissance qui penche subtilement vers le baroque.[/bs_well]

Septembre 1792, à la nouvelle de l’invasion autrichienne, le peuple de Paris, affamé et inquiet, s’échauffe à la moindre rumeur. Et voilà justement qu’on transfère en masses des prisonniers: ces aristocrates au visage blême, entassés sur des charrettes, ne sont -ils pas les premiers coupables, ceux-là même que ne cessent de désigner les révolutionnaires à la vindicte populaire? Soudain la foule se déchaîne contre les puissants d’hier. Parmi eux, Louis Hercule Timoléon de Brissac, chef déchu de la garde royale de Louis XVI et amant de la comtesse du Barry, ancienne favorite honnie du peuple, n’échappe pas au massacre. Sa tête finit sur une pique, portée en trophée jusqu’au château de Louveciennes où on l’exhibe sous les fenêtres de sa maîtresse.

Premiers seigneurs et premiers drames

Lorsque Pierre de Brézé, ministre de Charles VII et de Louis XI, acquiert en 1434 le fief de Brissac, celui-ci s’organise autour d’une demeure défensive édifiée au XIe siècle par le comte d’Anjou, Foulques Nerra. Homme influent, fort apprécié de Charles VII, Brézé dote le château des deux imposantes tours d’angle qui animent aujourd’hui la façade principale. Depuis mars 1465, le roi Louis XI est en conflit ouvert avec la ligue du Bien public. Cette alliance créée par Charles de France, frère du roi, et de puissants ducs, cherche à contrer le renouveau du pouvoir royal amorcé sous Charles VII.

À la bataille de Monthléry, qui oppose les troupes royales aux princes séditieux, Pierre de Brézé trouve la mort en suivant le roi. Son fils, Jacques, s’installe au château. Meurtrier de sa femme qu’il a surprise en flagrant délit d’adultère, il déserte le château où s’est déroule le drame.

L’ascension des Cossé

Ainsi, en 1502, Brissac est à vendre. Le roi de France, Louis XIII, vient de récompenser généreusement le chambellan de Charles VIII, René de Cossé, pour avoir su négocier sa libération durant la Guerre folle, conflit qui l’opposa durant la minorité de Charles VIII à la régente Anne de Beaujeu.

René de Cossé acquiert la seigneurie de Brissac dont il prend le nom. En 1550, son fils, Charles de Brissac, capitaine intrépide, devient maréchal de France et gouverneur de Paris sous la Ligue, devient en 1611 le premier duc du nom.

Un château moitié neuf, moitié vieux

Les rudes combats menés dans le Poitou durant les guerres de Religion laissent Brissac en piteux état. Lorsqu’il le retrouve, en 1606, Charles de Brissac, découvre un « château neuf à demi construit dans un château vieux à demi détruit » ! Le duc entreprend sous la conduite de l’architecte Jacques Corbineau, la construction d’un édifice grandiose. Un bâtiment tout en hauteur – car le terrain ne permet guère d’étendre le château -, pourvu d’une riche ornementation baroque, s’élève en lieu et place de l’ancienne forteresse.

Lorsque le duc s’éteint en 1621, l’ouvrage n’est pas achevé. Seule une moitié du vaste logis a été bâtie; le pavillon-donjon du grand escalier, qui devait se trouver au centre, demeure étrangement accolée à l’une des deux tours du XVe siècle qui n’ont pas été démontées. Son fils Louis entreprend l’édification d’une surprenante aile en retour d’équerre. Les combles et les lucarnes s’ajoutent aux cinq étages pour créer un bâtiment d’une hauteur impressionnante.

La continuité d’une grande famille

Sous les règnes de Louis XV et de Louis XVI, on mène grand train à Brissac. En 1768, Jean Paul Timoléon de Cossé, septième duc de Brissac, est fait maréchal de France. C’est le quatrième de la famille à obtenir cette dignité qu’il reçoit de Louis XV après avoir combattu les Turcs à Corfou. Lors de la Révolution, le château est réquisitionné. Transformé en cantonnement pour les « Bleus » de Vendée, il subit de nombreux dégâts.

Le château est restitué à la famille de Cossé après la Révolution, mais il faut attendre le milieu du XIXe siècle pour que soient entreprises les premières restaurations. Après avoir accueilli dix-huit générations de Brissac, le château est habité aujourd’hui par le treizième duc de Brissac et son épouse.

Le château en dates

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[bs_citem title= »XIe siècle » id= »citem_44b7-d850″ parent= »collapse_bf64-540f »]
Édification de la première forteresse par Foulque Nerra, comte d’Anjou.
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[bs_citem title= »1435 » id= »citem_046f-aed1″ parent= »collapse_bf64-540f »]
Pierre de Brézé acquiert le fief et élève un nouveau château en 1455.
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[bs_citem title= »1488 » id= »citem_eeb8-8fb6″ parent= »collapse_bf64-540f »]
Début de la Guerre folle.
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[bs_citem title= »1502 » id= »citem_85bd-e679″ parent= »collapse_bf64-540f »]
René de Cossé achète la seigneurie de Brissac.
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[bs_citem title= »24 février 1594 » id= »citem_2cd2-0a8e » parent= »collapse_bf64-540f »]
Henri IV est sacré roi à Chartres.
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[bs_citem title= »1594 » id= »citem_0702-f425″ parent= »collapse_bf64-540f »]
Charles II de Brissac, gouverneur de Paris livre la ville à Henri IV.
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[bs_citem title= »1606 » id= »citem_7971-2271″ parent= »collapse_bf64-540f »]
Début de la rénovation complète de l’ancien château.
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[bs_citem title= »1611 » id= »citem_a077-22d3″ parent= »collapse_bf64-540f »]
Érection de la terre de Brissac en duché-prairie.
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[bs_citem title= »1792 » id= »citem_0e30-dfb1″ parent= »collapse_bf64-540f »]
Massacres de septembre.
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[bs_citem title= »1793-1796 » id= »citem_38d1-74da » parent= »collapse_bf64-540f »]
Guerres de Vendée.
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